Le prestigieux journal craint qu’un établissement vieux de 200 ans, situé dans le hameau de Vogue puisse mettre ses lecteurs dans la confusion. Sans rire.
En Cornouailles, il existe un hameau qui s’appelle Vogue. Dans ce hameau, il y a évidemment un pub, nommé le Star Inn. Et derrière ce nom écrit sur la façade, il est précisé «at Vogue» puisque donc, il se situe à Vogue. Rien de plus normal. Sauf pour Condé Nast, l’entreprise américaine propriétaire de l’un des plus grands magazines de mode au monde, «Vogue».
Sabine Vandenbroucke, directrice de Condé Nast a ainsi envoyé une lettre à Mark Graham, propriétaire du pub, en lui demandant de cesser d’utiliser ce nom: «Notre société est propriétaire de la marque Vogue, non seulement pour son magazine de renommée mondiale publié pour la première fois en novembre 1916, mais pour d’autres biens et services offerts au public par notre la société». Ce qu’elle craint? Que ses «lecteurs fashionistas pourraient ne pas être en mesure de faire la différence entre leur magazine sur papier glacé préféré plein de tops models et un bon buveur de Cornouailles dans un village dont la grande majorité d’entre eux n’ont jamais entendu parler», écrit ironiquement «Cornwall Live».
«Ces gens ne peuvent certainement pas être sérieux, a réagit le propriétaire du pub. De nos jours, quelqu’un ne peut pas prendre la peine d’aller sur Google et de voir que Vogue est un hameau de Cornouailles qui existe depuis des centaines d’années?». Le pub lui-même a plus de 200 ans.
Et Madonna, elle a demandé la permission?
«Nous craignons que le nom que vous utilisez ne cause des problèmes car, en ce qui concerne le grand public, un lien entre votre entreprise et la nôtre est susceptible d’être fait» écrivait Sabine Vandenbroucke dans cette lettre datée du 1er mars 2022 où elle exigeait une réponse dans les 7 jours avec photos et raison sociale de l’entreprise sous peine de représailles. Le propriétaire du pub, qui pense que le magazine a appris son existence parce qu’il a changé la raison sociale de son établissement dont le nom est alors apparu dans le Registre du commerce, a répondu. Avec un certain aplomb.
«Je note dans votre lettre que vous n’existez que depuis 1916 et je présume qu’à l’époque où vous avez choisi le nom Vogue en majuscule vous n’avez pas demandé l’autorisation des villageois du vrai Vogue. Je présume également que Madonna n’a pas demandé votre permission pour utiliser le mot Vogue (encore une fois la version en majuscule) pour sa chanson des années 1990 du même nom. Vous êtes tous les deux libres d’utiliser la version non majuscule sans notre permission. En passant, elle n’a pas non plus demandé notre permission. En réponse à votre question de savoir si nous changerions notre nom, c’est un NON catégorique».
Le propriétaire du magazine n’a plus donné de nouvelles depuis.