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Football«L’affaire» Bislimi fait ressurgir la question des binationaux
Le milieu de Lugano a refusé sa convocation par le Kosovo, qui accuse la Suisse de se servir de lui. Pierluigi Tami répond.
C’est une petite affaire qui fait ressurgir autour de l’équipe de Suisse des thématiques qui s’étaient fait oublier ces dernières années. Comment gérer la question des joueurs binationaux, qui peuvent jouer pour deux sélections nationales différentes?
Dans les années 2000, les cas de Mladen Petric, Ivan Rakitic (les deux avaient choisi la Croatie) ou Zdravko Kuzmanovic (Serbie) avaient parfois suscité de houleux débats. Ils ont été moins communs ces dernières années, grâce à un travail d’anticipation du côté de l’ASF, et surtout une volonté de dialogue.
Cela n’empêche pas certains joueurs formés en Suisse de privilégier leur nation d’origine: en 2021, Nedim Bajrami avait renoncé à l’Euro M21 pour représenter l’Albanie. Et en novembre 2022, Uran Bislimi avait disputé deux matches amicaux avec le Kosovo. Sauf que pour les rencontres de mars, le milieu de Lugano a refusé sa sélection. La raison: ce sont des matches de qualification à l’Euro 2024 (le Kosovo est dans le même groupe que la Suisse) et si Bislimi y participait, il serait définitivement «bloqué» par la sélection kosovare. Or, l’ancien Schaffhousois rêve toujours d’une convocation suisse.
La réaction de Tami
Au Kosovo, cela fait du bruit. Cité par Blick, le team manager de la sélection locale Bajram Shala estime que «de nombreux joueurs qui se décident pour la Suisse ou d’autres nations se servent, et se sont servis, de nous pour faire pression sur des fédérations.»
«Tous les mois, je reçois des demandes d’autres fédérations pour nous demander le feu vert sur certains joueurs.»
Cela ne fait pas trembler Pierluigi Tami. Au contraire, le directeur des équipes nationales considère que cette assertion «n’est pas correcte. Bislimi est un joueur qui nous intéresse. Il est né en Suisse, il est intégré à la Suisse, il a fait sa formation et toute sa carrière jusque-là en Suisse. Nous suivons son développement depuis des années. S’il a décidé de jouer pour notre pays, nous en sommes fiers.»
Reste que la thématique binationale est un sujet qui revient souvent sur la table du Tessinois. «Presque tous les mois, je reçois des demandes d’autres fédérations pour nous demander le feu vert sur certains joueurs. Nous analysons toujours chaque cas en détail. C’est souvent une question de timing: nous faisons en sorte d’être honnêtes et transparents avec chaque joueur. Pour chacun d’entre eux, l’identification est importante: si un joueur rêve de jouer pour la Suisse, nous le suivons.»
Pas de quoi s’agiter pour autant: vu la dimension qu’a prise l’équipe de Suisse dans le football mondial ces dernières années, elle verra de plus en plus rarement d’excellents joueurs lui passer sous le nez. Et puis, au fond, seul importe le choix du joueur.