Markus Thöni et Patricia Fahrni ont été contraints à la démission, après un reportage diffusé par la SRF. Les accusations sont lourdes.
Lundi soir, la chaîne de TV publique alémanique a consacré deux reportages aux dysfonctionnements qu’elle a constatés au sein de Swiss Aquatics. Les principaux mis en cause par la SRF sont Markus Thöni et Patricia Fahrni, codirecteurs de la section Artistic Swimming. Il est globalement reproché, dans ce milieu, des cris, des insultes, des menaces, des paroles suggestives, des méthodes d’entraînement allant bien au-delà du seuil de la douleur tolérable et une interdiction de se nourrir.
Dans ces reportages, la nageuse synchronisée Joelle Peschl, notamment, a brisé la loi du silence. «J’ai l’impression que dans ce monde, tu n’es pas un être humain, a-t-elle lâché. On est par exemple poussé vers le bas, en faisant le grand écart. On pleure beaucoup parce qu’on a tellement mal… Il faut que quelqu’un vous aide à vous étirer, parce que l’idéal dont nous avons besoin ne peut pas être atteint en s’entraînant tout seul. Les enfants pleurent et ne peuvent plus respirer tellement leur dos est tiré vers l’arrière!»
Un jour, une juge nous a simplement dit: «Vous étiez clairement meilleurs, mais je devais trancher en faveur des autres.»
Les journalistes de l’émission SRF Investigativ se sont procuré des documents édifiants et les critiques pleuvent sur les codirecteurs Markus Thöni et Patricia Fahrni. Il y est évoqué des «conditions insoutenables» et le «chaos». Ces deux mis en cause ont toutefois rejeté les torts, lorsqu’ils ont été interrogés par la chaîne alémanique: «Les santés psychique et physique de nos athlètes sont notre priorité absolue et les agressions ne sont pas tolérées», ont-ils objecté. Ils ont toutefois démissionné en bloc à la suite des ces accusations.
Joelle Peschl a également tenu à faire la lumière sur d’autres dysfonctionnements au sein de la Fédération. La Zurichoise de 23 ans parle notamment de népotisme, car des parents ou des entraîneurs d’athlètes faisaient eux-mêmes partie des jurys qui devaient noter leurs propres protégés. «Un jour, a raconté Peschl, une juge nous a simplement dit: «Vous étiez clairement meilleurs, mais je devais trancher en faveur des autres.» Là, en tant que nageuse, je ne comprenais plus ma discipline…».
Du côté de Swiss Aquatics, on est au courant des reproches faits aux désormais anciens patrons de la natation synchronisée et leur départ devrait permettre une réorganisation de son état-major. «Je suis désolé. Je ne peux pas comprendre qu’on inflige des choses comme ça», a indiqué dans un document interne Ewen Cameron, coprésident de la fédération nationale. Il s’est également défendu en insistant sur le fait que Swiss Aquatics n’avait que peu d’influences sur les divers clubs locaux.