Après avoir défendu les couleurs de la Suisse aux Jeux olympiques en 2016, Barnabé Delarze et Augustin Maillefer se lancent un nouveau challenge avec Alinghi Red Bull Racing à la Coupe de l’America.
- par
- Christian Maillard
(Ecublens)
Ils étaient tous les deux à Rio sur un même bateau, à ramer en quête du Graal olympique. Les revoilà six ans plus tard réunis sur l’eau, sur un «monstre» des mers, un AC75, c’est le nom de ces fusées de compétition. Barnabé Delarze et Augustin Maillefer, anciens champions d’aviron, ont donc décidé de rejoindre l’équipage musclé d’Alinghi Red Bull Racing d’Ernesto Bertarelli en quête de l’aiguière d’argent. Dans l’attente de participer à cette 37e édition de la Coupe de l’America, avec les douze autres marins, les deux Vaudois en parlent, tous excités par ce nouveau challenge sur ce monocoque, qui se déroulera en 2024, 17 ans après le dernier sacre des Genevois à Valence.
Victorieux en avril sur la Tamise de la célèbre Boat race britannique avec Oxford contre Cambridge, Barnabé Delarze, qui finit un Master dans deux mois dans son université, a beaucoup réfléchi avant de se lancer dans cette aventure. «Après ma déception aux JO de Tokyo, à Oxford j’ai rencontré beaucoup de personnes et découvert plein de choses qui m’ont ouvert l’esprit, raconte l’ancien spécialiste de quatre de couple. Quand j’ai reçu l’offre d’Alinghi à la fin 2021, je me suis retrouvé dans un moment de ma vie où j’avais besoin de changement. Cela faisait plus de dix ans que j’étais dans l’équipe de Suisse d’aviron et entre l’obsession d’une médaille olympique à Paris et de vivre la Coupe de l’America que tout le monde a suivi dans les années 2000, j’ai choisi la découverte, celle de ce nouveau monde, ça va être génial.»
«J’ai dû non seulement reprendre les rames, mais j’ai enchaîné avec la course à pied, le vélo, la natation et de la musculation pour mettre toutes les chances de mon côté»
Augustin Maillefer, qui avait cessé la compétition 2020, tout en continuant de s’occuper des rameurs de Vevey, a trouvé que cette opportunité était le meilleur moyen pour rompre son train-train quotidien. Mais pour retrouver la forme olympique, il a fallu au Lausannois qu’il mette les bouchées doubles. «J’ai non seulement repris les rames, mais j’ai enchaîné avec la course à pied, le vélo, la natation et de la musculation pour mettre toutes les chances de mon côté, sourit celui qui avait repris des études à l’HEC. Je suis du coup très content et reconnaissant d’avoir été choisi.» Lors des tests physiques de sélection à la clinique de la Tour à Meyrin, le colosse aux bras de Popeye a été impressionnant. «C’est une aventure à la fois très pro et très exotique pour un rameur», qui se réjouit de monter sur le pont.
Tout comme son ancien coéquipier de Rio, Barnabé Delarze a été testé pour être sûr qu’il n’avait pas le mal de mer: il ne souffre pas de naupathie. «Je ne suis encore jamais allé sur un AC75 mais j’ai fait assez de bateau à moteur ou d’aviron pour savoir que je n’ai pas de problème à ce niveau-là», renchérit-il, prêt à mettre aussi ses gros bras à disposition de l’équipage. «On est encore en train de réfléchir pour développer les moyens de produire de la puissance mais comme les règles de l’America sont assez libres chaque équipe va étudier ce qu’il y a de mieux pour ses athlètes, enchaîne Delarze. Avec les rameurs, il y aura pas mal de choix entre les bras et aussi les jambes qu’on utilise au moins à 70% dans notre sport de prédilection. Ce que je sais c’est que je vais devoir faire des choses qui font mal. Comme en aviron…»
«Avec les rameurs, il y aura pas mal de choix entre les bras et aussi les jambes qu’on utilise au moins à 70% dans notre sport de prédilection»
À l’instar de son camarade du Lausanne-Sports aviron, Augustin Maillefer sait très bien que c’est pour leurs capacités physiques qu’ils ont été recrutés, pas pour donner des conseils pour barrer le bateau. «Lors des deux victoires d’Alinghi en 2003 et 2007, j’étais tout jeune (ndlr: 10 et 14 ans) mais je me souviens du bateau qui était venu sur le Léman et j’avais revu les images de son exploit à la télé», se rappelle un Vaudois qui a hâte désormais de vivre cet événement dans deux ans à Barcelone avec son ancien coéquipier de Rio. D’ici là, ils vont continuer à ramer…