Le coureur cycliste a été engagé dans l’équipage d’Alinghi Red Bull Racing Team pour amener son énergie lors de la Coupe de l’America.
Il n’y a pas que des rameurs qui vont vivre une expérience unique et exceptionnelle, dans deux ans, à Barcelone. Tout comme Barnabé Delarze et Augustin Maillefer, un autre sportif «olympien» va monter sur le pont du «monstre» d’Alinghi Red Bull Racing Team. Il s’agit du coureur cycliste Théry Schir, spécialiste de la piste, engagé l’été dernier aux JO de Tokyo, qui va «pédaler» sur le bateau d’Ernesto Bertarelli. Le Vaudois va en effet joindre l’utile à l’agréable avec son vélo à bord pour amener de l’énergie à ce AC75. Avec ses jambes, il sera, à l’instar des spécialistes d’aviron, un des moteurs du bateau volant de la Société nautique de Genève; un élément indispensable pour allumer cette fusée à viser les étoiles.
Codirecteur du défi et responsable des opérations sportives, Pierre-Yves Jorand, a engagé le pistard parmi plus de quarante dossiers tous plus convaincants les uns que les autres. «On a retenu les plus puissants, les meilleurs et surtout des athlètes ayant la capacité de produire un effort constant tout en pouvant pousser encore plus sur 20 à 30 secondes, avant de retrouver un niveau normal. Ceux qui font de l’aviron ou du vélo ont le cœur bien fait à ce niveau-là.» C’est la raison pour laquelle le choix a été porté sur des sportifs de pointe.
Théry Schir, comment un coureur cycliste se retrouve sur un bateau, celui d’Alinghi, qui va disputer en 2024 la Coupe de l’America?
C’est un super challenge sportif, tant au niveau athlétique que des objectifs personnels. Moi j’ai toujours été un athlète de haut niveau, avant d’être un cycliste pendant dix ans. J’ai donc cette chance de pouvoir retourner dans ce mode de vie là, avec un milieu qui est nouveau pour moi. Pour un athlète dans une carrière, de disputer cette Coupe de l’America, c’est un rêve.
Vous avez rangé votre vélo au garage?
Ah non, mon vélo fera toujours partie de ma vie. Je ne vais jamais m’en séparer. Maintenant, pour l’instant, je suis engagé pour naviguer sur un bateau, donc le but c’est de faire de la voile, pas du vélo!
«Mon vélo fera toujours partie de ma vie. Je ne vais jamais m’en séparer»
Que va-t-on demander à un coureur cycliste sur un bateau?
Notre rôle dans le groupe «Power», c’est de produire de l’énergie pour que les purs marins, les skippers et le régleur de voile, aient du «jus» suffisant pour diriger le bateau au mieux. Notre but est de fournir cette force au reste de l’équipage pour avancer.
Si on comprend bien, vous allez pédaler, mais différemment?
C’est exactement ça, on va pédaler sur le bateau!
De quoi avoir le mal de mer, non?
Non car j’ai déjà effectué des tests avec des bateaux à foils et je supporte bien les vagues en mer.
L’avantage pour vous, pour un coureur cycliste habitué à courir par équipes, c’est de vivre en groupe. C’est un élément important, on se trompe?
Non. Pour moi, de faire un travail d’équipe unique pour un groupe, ce n’est pas une nouveauté. La différence c’est qu’on passera la ligne ensemble dans le bateau, alors que dans une épreuve sur piste avec ton vélo, il y a un décalage entre les leaders et les équipiers. Sur un bateau, il est important de vivre ensemble et être bien organisé avec une équipe qui a du vécu et qui sait préparer une Coupe de l’America. On sera bien entourés et je ne me fais vraiment pas de souci, je suis hypermotivé par ce challenge commun.
«Je viens d’une famille voile. Je me souviens de la première Coupe de l’America à Auckland, j’avais dix ans, on se levait la nuit pour regarder les régates»
Avez-vous revu les images des deux victoires d’Alinghi de 2003 à Auckland et de 2007 à Valence?
Je me rappelle avoir suivi ces deux épreuves, car mon père navigue beaucoup. Je viens d’une famille voile. Je me souviens de la première Coupe de l’America à Auckland, j’avais dix ans, on se levait la nuit pour regarder les régates. J’ai aussi en mémoire le retour en Suisse des héros, c’était incroyable. Alinghi fait partie du paysage suisse sportif.
Était-ce pour vous une surprise d’avoir été retenu dans l’équipage?
Il y a parfois des téléphones dans une vie qu’on n’attend pas et qui peuvent changer tes plans. C’était le cas avec ce projet. Après, c’était quelque chose d’assez logique, après avoir vécu le processus de tests. J’étais en effet conscient que si ça marchait bien, si mes capacités athlétiques pouvaient entrer en ligne de compte et si je pouvais être utile sur le bateau, il était évident que je puisse être retenu, surtout après avoir compris comment fonctionnait le bateau.