Le Conseil national a balayé mercredi une motion demandant que la Suisse interdise «l’achat de services sexuels», à l’exemple de la Suède. Mais Laurent Wehrli a dit oui, pour «donner un signal».
Faut-il interdire la prostitution en Suisse? Le Conseil national a balayé ce mercredi une motion de Marianne Streiff (PEV/BE) intitulée «Les êtres humains ne sont pas des choses. Interdire l’achat de services sexuels en Suisse selon l’exemple nordique». La conseillère nationale évangélique faisait référence à la Suède, où une loi interdit la prostitution depuis 1999 en pénalisant le client.
Sa proposition a été balayée sans appel par 172 voix à 11. Parmi les personnes qui ont voté oui, on trouve la très féministe Kathrin Berstschy (VL/BE), ses compatriotes de l’UDC Andrea Geissbühler (UDC/BE) et Erich von Siebenthal (UDC/BE) ou des personnalités du Centre comme Ruth Humbel (C/AG) ou Stefan Müller-Altermatt (C/SO). Parmi les parlementaires romands, un seul s’est singularisé en soutenant cette motion: Laurent Wehrli (PLR/VD). L’ancien syndic de Montreux serait-il partisan d’une interdiction de la prostitution?
«Ce commerce n’est pas comme un autre»
«J’ai voté par solidarité avec Marianne Streiff, répond-il, c’est un signal que je voulais faire pour la soutenir. Cela fait partie aussi de la politique. Le résultat était de toute façon très clair et mon vote n’allait rien changer». Mais, sur le fond partage-t-il la motion? «Je n’ai aucun problème avec ça, si les gens le font en toute liberté. On dit que c’est le plus vieux métier du monde, mais il faut veiller à prendre soin des personnes qui travaillent dans ces milieux. Certaines ou certains affirment que c’est pour leur plaisir, mais ce n’est pas le cas de tout le monde, il y a des maffias qui œuvrent dans ces milieux, des personnes subissent des pressions psychiques ou financières. Ce commerce n’est pas comme un autre.»
Le conseiller national s’étonne finalement du résultat de la motion: «On peut se demander aussi pourquoi si peu de gens ont soutenu la proposition de Marianne Streiff. Probablement parce que nous avons déjà des lois qui règlent ce milieu, où se trouvent des personnes vulnérables qu’il faut protéger et sécuriser».
«Un enjeu central»
Le Conseil fédéral était opposé à la motion et à ce que la Suisse s’inspire du modèle suédois. Celui-ci a fait l’objet de nombreuses études depuis qu’il fonctionne, c’est-à-dire depuis 23 ans. Un des grands dangers est que l’interdiction favorise un marché clandestin, qui risque d’affaiblir encore la protection des personnes contre les risques d’exploitation. La cheffe Département de justice et police, Karin Keller-Sutter, a précisé que ses services avaient «un nouveau plan d’action contre la traite des personnes, dans lequel l’exploitation sexuelle est également un enjeu central».