Malgré l’initiative refusée en 2018, la Chambre des cantons a accepté d’ancrer dans la loi un soutien financier pour les éleveurs qui renoncent à couper les cornes de leurs animaux de rente.
En novembre 2018, le peuple a refusé l’initiative pour les vaches à cornes. Néanmoins, après une campagne intense autour du bien-être des bovins, 45,3% de la population et six cantons avaient accepté l’idée de valoriser les éleveurs qui renoncent à écorner leurs animaux. Le conseiller aux États Roberto Zanetti (PS/SO) estime que cet élan d’empathie avec les vaches à cornes ne doit pas rester lettre morte. Si les Suisses n’ont pas voulu intégrer cela dans la Constitution, on peut le faire dans la loi. Le Conseil des États a accepté ce mardi sa proposition par 23 voix contre 19 et 2 abstentions.
«On peut tomber d’un pommier»
Le débat de lundi a pris une tournure antispéciste: «La question de fond, a dit Pirmin Bischof (C/SO) au nom de la commission, est: l’homme a-t-il le droit de faire souffrir l’animal? L’animal est-il comme un objet? A-t-on le droit de lui infliger des souffrances inutiles?» Une majorité de la commission répondait par la négative et soutenait la proposition. En face, les arguments contre ne manquaient pas. Peter Hegglin (C/ZG) a rappelé les accidents et les blessures avec les cornes dans les fermes. Mais Robert Zanetti lui a répondu qu’il y avait bien d’autres façons de se blesser dans l’agriculture: «On peut tomber d’un pommier, et pourtant les pommiers sont subventionnés».
Guy Parmelin n’en veut pas
Pour Ruedi Noser (PLR/ZH), le peuple a refusé et le dossier est clos. Un avis partagé par Andrea Gmür- Schönenberger (C/LU) . Au nom du Conseil fédéral, Guy Parmelin s’en tient aussi à la décision du peuple qui a refusé «le franc pour les cornes» par 54,7%, tandis que 20 cantons s’opposaient également. Pour le Vaudois, les arguments contre n’ont pas changé: «De nombreux animaux à corne sont détenus à l’attache et n’ont qu’un minimum de liberté de mouvement, en particulier pendant le semestre d’hiver. Un soutien financier des animaux à corne réduirait l’incitation à passer de la détention à l’attache à une détention en stabulation libre, plus respectueuse des animaux».
Jusqu’à 100 millions de francs par année?
Guy Parmelin a jouté aussi: «Il existe des vaches génétiquement sans cornes et il n’y a aucune raison de les discriminer». Il a prévenu aussi que ce «franc pour les cornes» allait augmenter la charge administrative des exploitations. Enfin, sur le plan financier, l’initiative refusée à l’époque prévoyait 80 francs par année par tête de bétail cornée, soit 20 millions de francs. Avec la proposition de Roberto Zanetti, si le but est d’octroyer un franc par jour par tête de bétail, cela coûterait 100 millions de francs, qu’il faudra bien trouver dans le budget agricole. Ses arguments n’ont pas suffi. La proposition passe au Conseil national.