À 74 ans, Ursi Aeschlimann ferme définitivement un magasin d’un autre temps.
Dans son magasin de jouets adossé à la vieille ville de Bienne, Ursi Aeschlimann est la reine du modèle réduit, comme l’a définie «Le Journal du Jura». Une reine de 74 ans qui prendra sa retraite dans six mois, après les derniers achats de Noël. Dans cette caverne d’Ali Baba, les quittances n’ont jamais changé depuis 58 ans: elles ont encore comme numéro de téléphone le (032) 2 46 12…
Les étagères sont remplies de cartons et d’emballages de toutes sortes: pour des trains miniatures Märklin, quelques fidget spinners, des kits de montage pour avions militaires, autant de jouets qui ont traversé les modes, comme aussi des cerceaux de hula-hoop. «C’est toute ma vie», concède la patronne. Sa force particulière réside dans le large choix de trains et d’accessoires aux écartements N – G, mais aussi dans des voitures dans les échelles 1/87 à 1/18, y compris Ferrari.
Depuis l’enfance
Parmi tous ces jeux du bon vieux temps, c’est le jass qu’elle préfère. Certains de ses clients fréquentent le magasin depuis l’enfance. L’autre jour, un client fan de trolleybus était à la recherche d’un spray d’un brun brillant et satiné pour peindre les sièges d’un train miniature, comme l’a rapporté «Le Journal du Jura».
Quand Séraphin (9 ans) a posé sur le comptoir la maquette à construire d’un tank en plastique, Ursi Aeschlimann a fait de gros yeux: «Ça me paraît trop compliqué pour ton âge», a-t-elle estimé. Elle l’a fait passé au rayon des Lego avant de lui conseiller un jeu de hockey manuel qui le détournera de son iPad.
Avant Noël
Les adultes sont ses premiers clients et lui sont fidèles. «Il n’y a pas beaucoup d’enfants, sauf avant Noël», concède Ursi. «Le portrait de celui qui joue au petit train, c’est un homme à la retraite…», sourit-elle. Ses clients sont devenus parents, grands-parents et même arrière-grands-parents…
Chez Schoeni, «tous les cm2 sont optimisés», comme on peut le lire sur le site internet du magasin. Les Lego et les puzzles, les jouets en bois s’empilent jusqu’au plafond. De petites figurines servent de décor aux paysages ferroviaires miniaturisés, ici un arbre, là un camion, mais le modélisme, ce n’est plus rentable: «Les modèles sont achetés sur internet. On est juste bonnes pour vendre une hélice manquante…», soupire Ursi Aeschlimann
Pas son truc
Si elle met la clef sous le paillasson, c’est parce que la vente online, ce n’est pas son truc. «On vient chez moi pour un conseil, puis on commande l’objet sur internet», soupire celle qui a fait son apprentissage de vendeuse en 1964, à 17 ans, dans ce qui était alors un commerce d’articles en cuir.
Elle a repris le magasin de jouets avec son frère, il y a 30 ans, le 1er juillet 1992, à une époque florissante: cinq vendeuses y travaillaient ensemble. «À l’approche de Noël, il était impossible d’avancer dans les travées du magasin», a-t-elle raconté au «Journal du Jura».