Le deuxième tour des législatives françaises a abouti à une Assemblée nationale beaucoup plus en phase avec les courants politiques existant dans le pays. D’un point de vue démocratique, c’est un progrès.
Malgré un système électoral défavorable à une représentation équitable des courants politiques à l’Assemblée nationale, les résultats de dimanche ont démontré que l’inverse était possible. Les Français ont choisi une représentation quasi proportionnelle dans leur législatif. Ils ont un nouveau parlement qui ressemble à celui de la Suisse, où tout se mélange sans qu’un groupe détienne la majorité, ce qui implique des alliances pour décider. Cela ne veut pas dire que la France est ingouvernable: elle doit se réinventer et s’essayer à la culture du compromis.
Pas de voie royale
Pour Emmanuel Macron, c’est évidemment un désaveu cinglant. D’autant qu’il perd de nombreux lieutenants dans la bataille. Mais pour la France, pour la légitimité du pouvoir, il était temps que les différents courants soient justement représentés à Paris. Si cela n’avait été le cas, le président sortant aurait eu la voie royale pour imposer ses réformes, mais avec un risque maximum de voir la rue prise d’une rapide poussée de fièvre jaune. Cette redistribution des cartes est un gain démocratique et devrait apaiser certaines tensions. Jupiter a perdu et doit se réinventer lui aussi. On peut lui faire confiance, il ne manque pas de ressources.
Le RN comme l’UDC
L’irruption d’un groupe important du Rassemblement National à l’Assemblée a suscité également de vives réactions, au lendemain de ces élections. La majorité présidentielle n’aurait pas assez joué le «pacte républicain». Ces 89 sièges de l’extrême droite sur 577, soit 15,4%, représentent un courant que la France ne peut plus cacher sous le tapis. En Suisse, l’équivalent du RN, c’est l’UDC, le plus grand groupe au Conseil national avec 55 sièges, soit 27,5%. Il a beau y être le plus grand, la plupart du temps il se retrouve seul à défendre ses positions extrêmes. Le groupe de Marine Le Pen sera probablement marginalisé, mais il fera entendre sa voix.
Un référendum pour l’âge de la retraite?
La formation d’Emmanuel Macron sera naturellement tentée de s’allier avec celle des Républicains, pour obtenir une majorité. Par exemple, pour faire passer l’augmentation de l’âge de la retraite. Ici aussi, la République française devrait s’inspirer de son sage voisin suisse et organiser un référendum, afin que le peuple se prononce sur cette question existentielle, comme la Suisse va le faire au mois de septembre. Cela pourrait aussi faire remonter la participation à la vie politique, qui est tombée au plus bas ce dimanche.