Deux écrans de l’APG/SGA ont été saccagés par un intervenant qui a pris soin de sprayer une caméra de surveillance.
Une bouche boudeuse, des sourcils fâchés et surtout, deux yeux rouges furieux tracés sur des éclats de verre: celui a brisé deux enseignes lumineuses le week-end dernier dans un passage piéton de la gare de La Chaux-de-Fonds avait visiblement une grogne à partager.
Les passants sont interloqués, y compris les cantonniers. «C’est un artiste qui a fait ça, ça se voit au premier coup d’œil», réagit l’un d’eux, en estimant que «la publicité, c’était mieux». «Il a pris son temps et y a mis du cœur», dit quelqu’un.
Tissu urbain
Réaction du conseiller communal Patrick Herrmann, en charge des espaces publics et de la sécurité. «Culture alternative et art brut semblent trouver leur place facilement dans le tissu urbain de notre ville et des villes d’aujourd’hui en général». Avec cette remarque: «Apparemment surtout quand les autorités de la ville ne les cautionnent pas»…
En charge de la culture, son collègue popiste Théo Bregnard aurait tendance à pencher «pour du vandalisme… ou?». Difficile pour lui de se faire une idée, mais les partenaires avancent ensemble: les autorités chaux-de-fonnières sont «en contact étroit» avec la Société générale d’affichage APG/SGA.
Infractions pénales
La Société générale d’affichage est informé du saccage de deux écrans. «Ce niveau de destruction est rare», relève l’APG/SGA. La réparation a été mise en route, les CFF ont été informés et les dégâts seront signalés à la police.
«Le vandalisme et les dommages aux biens sont des infractions pénales pour lesquelles des poursuites judiciaires peuvent être engagées», observe Nadja Mühlemann, porte-parole de l’APG/SGA, convaincue que «les auteurs inconnus seront bientôt arrêtés par la police».
«Les attaques contre les supports d’affichage avec des affiches rétroéclairées et les screens entraînent des coûts élevés non seulement pour nous, mais aussi pour nos clients», relève l’APG/SGA.
De plus en plus
D’une manière générale, la Société générale d’affichage relève que la publicité extérieure en Suisse romande est de plus en plus touchée par le vandalisme. Un constat qui vaut pour l’APG/SGA, mais également pour d’autres entreprises de publicité extérieure.
«Les dommages causés à l’économie nationale sont considérables, et leur montant ne cesse d’augmenter», insiste l’APG/SGA, en indiquant que le secteur de la publicité est également touché par les bris du matériel publicitaire, puisqu’un grand nombre de clients privés de visibilité sont des acteurs économiques et culturels régionaux.
Frustration ressentie
L’APG/SGA met aussi le doigt sur «la frustration ressentie» par ses employés, de plus en plus souvent occupés par des travaux de nettoyage et de réparation, après leur travail.
L’intervenant de La Chaux-de-Fonds n’est pas le seul à casser du verre: l’artiste bernois Simon Berger en a fait une spécialité, mais en toute légalité. Ses œuvres sont exposées publiquement, par exemple au Musée de l’art optique «Popa» de Porrentruy, mais elles sont aussi réalisées dans l’espace public, comme sur un abribus. Qualitativement, «ce n’est pas exactement la même chose…», commente Pierre Kohler, fondateur du «Popa».
Simon Berger manie le marteau pour créer des visages dans les craquements du verre, avec jusqu’à 4000 tapes pour un portrait figuratif. Menuisier de formation, cet artiste contemporain a reçu en 2020 une demande du Musée de l’histoire des femmes à Washington pour réaliser le portrait en verre brisé de la nouvelle vice-présidente américaine, Kamala Harris.
Parmi les vandales qui ont changé de statut, le «Sprayeur de Zurich» Harald Naegeli a démontré avec ses bonhommes allumettes sprayés sur les murs à la fin des années 70 qu’un vandale pourchassé et condamné à neuf mois de prison peut obtenir une stature d’artiste de renommée internationale.