Deux promeneuses ont traversé une route fréquentée à côté d’un passage souterrain, alors que la vue était réduite par un champ de blé et de fleurs.
Deux randonneuses ont été fauchées en traversant une route en pleine nature, mardi après-midi entre Courroux et Vicques, dans une vallée appelée Terre Sainte, près de Delémont. L’issue de cet accident est dramatique: une résidente de Courcelon a perdu la vie, tandis que son amie valaisanne est grièvement blessée.
Ce qui étonne sur une route rectiligne, c’est que la vue semble dégagée autant pour les automobilistes que pour ceux qui traversent la chaussée. À un détail près: en été, un champ de blé parsemé de coquelicots borde la route. «Quand je suis arrivée en voiture, il m’a semblé que la vue était masquée», dit une femme venue promener son chien.
Sous la route
«On voit mieux les piétons au printemps et en automne, quand il n’y a plus de culture», confirme un agriculteur. Ce qui désole les villageois, c’est qu’un passage souterrain a été aménagé il y a longtemps à proximité: «On a dépensé un million, mais ils sont nombreux à ne pas l’utiliser», regrette un agriculteur.
La dame jurassienne qui a été fauchée mardi avec sa copine était connue pour bouder ce passage sécurisé: «Elle traversait toujours la route», dit un villageois. Témoignage d’une riveraine: «Je ne passe pas non plus par le tunnel, à mon âge, c’est trop dur à la montée».
À l’heure du drame, à 16 h 40, cette route est fréquentée. Selon «Le Quotidien Jurassien», les deux dames «d’un certain âge» se sont engagées sur la chaussée alors qu’une voiture arrivait depuis Courroux «à une vitesse conforme à ce tronçon hors localité», soit 80 km/h. La conductrice n’a pas pu éviter le choc.
Sapeur-pompier
Un passant qui courait là a tout de suite donné l’alerte, selon «Le Quotidien Jurassien». Avec un ami sapeur-pompier, il a prodigué les premiers soins en attendant la police, les ambulances et deux hélicoptères. Mercredi, le village était sonné. «J’étais à l’école avec sa fille, C’est la catastrophe», dit un paysan, en indiquant que ceux qui traversent la route sont «des personnes d’un certain âge».
Dans un car postal menant de Delémont à Courcelon, le chauffeur fait cette remarque: «Il y a beaucoup de monde qui traverse la route à cet endroit, il faut faire attention!» Des promeneurs, mais aussi des villageois qui vont à la déchetterie. Mardi après-midi, le soleil n’était pas aveuglant pour la conductrice, mais peut-être pour les randonneuses.
Sans réponse
«Ça nous arrive aussi de traverser la route, mais à cette heure de grande affluence, on serait passée par-dessous», concèdent deux randonneuses. «Pourquoi on traverse?» demande l’une à l’autre, Question restée sans réponse: «Je ne sais pas…». «Est-ce qu’elles se sont dit «Allez, on y va, on a le temps»?» s’interroge une randonneuse, en soulignant l’absence de passage pour piétons.
En une heure, lematin.ch a pu observer un certain nombre de piétons et de cyclistes choisir de traverser la route. «Il devrait y avoir un rond-point: le car postal a parfois de la peine à s’engager sur la route», remarque une passante. «Moi je prends le tunnel, c’est plus sûr, les voitures roulent vite», dit une promeneuse de chien. C’est l’exemple à suivre. Mercredi, le sentiment prédominant, c’était la tristesse.