Plusieurs pays du continent cherchent à acquérir des armements et ont demandé des coups de pouce à la Suisse. Les réponses sont variées.
Que ce soit parce qu’ils ont livré des armes à l’Ukraine ou parce qu’ils veulent se refaire du stock, plusieurs pays se sont lancés dans une course à l’armement. Et ils lorgnent sur la militairement neutre Suisse. Ce vendredi, la Confédération a communiqué au sujet de trois demandes qui lui avaient été formulées et les réponses qu’elle a données, deux positives et une négative.
Pour Londres, c’est oui
Le Royaume-Uni a toqué à la porte du département de la Défense (DDPS) pour lui demander une faveur. Il savait que la Suisse attendait la livraison d’une commande passée en Suède pour des armes polyvalentes qui servent «à combattre les chars et d’autres véhicules adverses ainsi qu’à ouvrir des brèches dans les positions fortifiées ou dans des bâtiments afin de permettre l’infiltration de ses propres troupes».
Les Britanniques, pressés, ont gentiment demandé à la Suisse si elle voulait bien leur céder la première de ses deux livraisons. Berne a dit oui. Les deux premiers des quatre lots commandés iront au Royaume-Uni et la Suisse accepte de recevoir la livraison suivante fin 2024 au lieu de début 2023.
Pour rassurer ceux qui s’inquièteraient pour la sécurité de la Suisse, le DDPS indique que «d’un point de vue militaire, la livraison tardive est tout à fait soutenable car l’Armée dispose d’autres systèmes d’armes pour la défense antichars».
Pour Varsovie, c’est non
La Pologne avait un autre problème: elle a livré tant d’armes à l’Ukraine qu’elle cherche désormais à reconstituer ses propres stocks. Elle a commencé à lorgner sur les chars désaffectés Léopard 2 A4 de l’armée suisse. Berne a dit non. Pas pour des raisons idéologiques, mais de temps.
Pour livrer ces chars à la Pologne, «une mise hors service des systèmes» est nécessaire et a besoin de la validation du Parlement. «Le DDPS estime que, dans les circonstances actuelles, l’aliénation de chars désaffectés à la Pologne ne peut pas être réalisée dans un délai utile», dit-il.
À noter que la décision ravira les élus qui, après le début de la guerre en Ukraine, avaient proposé que la Suisse utilise à nouveau ces vieux chars pour sa propre armée.
En Allemagne, fais ce qu’il te plaît
Berne s’est enfin penché sur une demande allemande, qui concerne aussi les Leopard. Berlin a «l’intention de mettre de grands systèmes militaires à la disposition de différents États européens et recherche des chars de combat de type Leopard 2 A4». Or il se trouve qu’elle en détient sur son territoire, et qu’ils viennent de Suisse.
Comme le rappelle le DDPS, en 2010 et 2011, la Suisse avait revendu 42 chars au fabricant d’origine, basé à Kiel. L’Allemagne voulait s’assurer qu’elle pouvait faire ce qui lui plaît de ces chars, auparavant propriété suisse. «Le DDPS a confirmé à l’Allemagne que l’utilisation des chars vendus il y a douze ans relève de la responsabilité du fabricant et est soumise à la loi allemande. Elle peut décider librement de l’utilisation de ces véhicules», a accordé Berne.
Selon le «Tages Anzeiger», l’Allemagne aurait un accord avec la République tchèque: Prague livrera des chars à l’Ukraine, Berlin les lui remplacera par les vieux Leopard suisses.